
Avec
Atsuko Maeda, Hiroki Narimiya, Masanobu Katsumura
Année :
2013
Pays :
Japon
Durée :
106 min
Genre :
Horreur
Production :
Shochiku
Film en compétition lors du 20ème Festival du film fantastique de Gérardmer 2013.
Synopsis
Asuka, une jeune étudiante infirmière, vient d’emménager avec ses parents et son petit frère dans un immeuble. Très rapidement, son attention est captivée par des sons étranges émanant de l’appartement voisin. Intriguée, elle décide de pénétrer dans l’appartement et y découvre le cadavre d’un vieil homme. Plus tard, alors que l’appartement du défunt a été nettoyé, Asuka est de nouveau interpelée par des bruits persistants. Elle retourne sur les lieux et se retrouve nez à nez avec le fantôme du vieil homme. De retour chez elle et prise de panique, elle découvre le logement vide, sa famille semble avoir disparu…

LA CRITIQUE
Après le succès de Ring 1 et 2 suivis de Dark water, autant dire que The Complex était un film largement attendu des fans du réalisateur. Eh bien, ce dernier qui avait mis la barre très haut ne nous déçoit absolument pas. Bien au contraire, il nous ravit.
Avec ce film, Hideo Nakata renoue avec une thématique qui lui est chère, celle des fantômes et des revenants. Force est de constater que le réalisateur excelle dans la manière de traiter ce thème pourtant classique et maintes fois revisité. L’originalité de The Complex réside en premier lieu dans les thématiques sous-jacentes qui y sont abordées de manière fort subtile (la mort, le deuil, la culpabilité) et qui en font un film d’une grande richesse.



Le film commence par dépeindre ce qui semble être la réalité d’un modèle familial banal de la société japonaise. Mais l’on s’aperçoit très vite que l’héroïne, Asuka, occupe une place à part au sein de cette famille. En fait, il y a la famille (le père, la mère, le petit frère) et Asuka. Cette dernière semble à la fois dans sa famille et extérieure à celle-ci. Son personnage apparait plus complexe qu’il n’en a l’air. A travers le personnage d’Asuka, le réalisateur a souhaité traiter de sujets dramatiques tels que la mort et le deuil qui s’y rattache, le sentiment de culpabilité face aux erreurs du passé. Le sentiment d’ennui et la profonde solitude entourant le personnage d’Asuka renforcent d’autant cette dimension dramatique.
Au fur et à mesure que l’on progresse dans le film, les éléments qui semblaient être de l’ordre du réel sont battus en brèche par des événements souvent inattendus tels la répétition étrange de la scène du petit déjeuner ou l’apparition impressionnante d’un revenant et nous font comprendre que quelque chose cloche dans cette histoire, qu’elle n’est pas aussi claire et limpide qu’elle n’y parait au premier abord. Petit à petit, ces étrangetés font basculer le film dans un univers où l’on ne sait plus vraiment ce qui relève du réel, du présent et ce qui est de l’ordre du passé, du souvenir voire de l’irréel ou de l’imaginaire. Le film évolue constamment et, je dirais même brillamment, entre ces différentes sphères spatio-temporelles. L’héroïne, Asuka semble prisonnière de cet espace/temps, en proie à ses démons du passé qui la poursuivent et la hantent mais elle ne peut non plus échapper à ce qui semble être son présent.
Techniquement, et à l’instar de la plupart des films d’horreur japonais traitant de ce thème, la mise en scène est remarquable, les effets sont maîtrisés et particulièrement efficaces. The Complex parvient à plonger le spectateur dans une ambiance à la fois oppressante et inquiétante. Le rythme, plutôt lent du début, s’accélère en même temps que monte la pression. La fin arrive comme une apothéose où le déferlement d’effets visuels et sonores percutants transcende la dimension dramatique pour propulser le film à l’apogée de sa dimension fantastique et horrifique.
En conclusion, The Complex réunit tous les ingrédients d’un bon film d’horreur façon japonaise mais avec en plus une profondeur et une intensité rares dues au talent d’Hideo Nakata. A déguster dès que possible accompagné d’un bon plateau de sushis et de sashimis pour les amateurs, comme moi, de gastronomie nipponne. Perso, vous l’aurez compris en me lisant, je kiffe grave.
DARKO
Abonne-toi pour ne rien manquer !
1 like = une cervelle fraîche pour un petit zombie
Un savoir-faire indéniable de la part de celui qui a totalement renouvelé le genre du « kaidan » au cinéma (contraction de « kanji », apparition étrange, ensorcelante, et « dan », récit, narration) avec son copain Kiyoshi Kurosawa (Cure, Charisma, Kaïro). Si le film n’atteint pas la terreur absolue que Ringu avait suscité, c’est du fait que le genre s’est aujourd’hui un peu essoufllé et qu’en tentant des variations nouvelles autour de la thématique de la hantise, Nakata opère avec le personnage du petit garçon à l’inverse de la terrifiante Sadako : il l’humanise avant de révéler sa nature démoniaque, créant une empathie initiale dont on peine à se départir. Le scénario reste pourtant excellent, car il sert parfaitement l’histoire lacunaire de la jeune Asuka. Le film m’évoque le Big Fish de Tim Burton dans sa propre filmographie, une oeuvre personnelle et sensible qui réfléchit sur le pouvoir de l’auto-fiction et synthètise thèmes et gimmicks visuels et sonores de son réalisateur. Malgré le ridicule deus ex-machina final, j’ai été bluffé par ce que la dernière scène laisse entrevoir : de l’horrifique appartement aux couleurs primaires outrées façon Argento, le réalisateur nous emporte dans un Enfer presque cyberpunk qui pourrait renouveler le genre. Et l’on se prend à rêver que Nakata aille explorer des territoires hybrides, à l‘instar du Tetsuo de Shinya Tsukamoto ou du Akira de Katsuhiro Otomo.
je kiffe grave aussi!!!!!!!!!!!!!!!!! En tout cas nickel on ne voit pas la moitié du film ou toutes les bonnes séquences dans le trailer…